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Réorienter les métiers comptables dans les CSP des grands groupes

Rédigé par Alban Delsol | 12 avril 2022

Grâce à l’automatisation de certaines tâches simples, répétitives et chronophages, le métier des équipes comptables se réoriente et évolue vers davantage de conseil. C'est d'autant plus vrai chez les centres de services partagés qui optent pour la robotisation. Les équipes ont désormais plus de temps à consacrer à l'analyse, au contrôle et au conseil.

« Les comptables sont-ils voués à disparaître ? ». La question, un brin provocatrice, est régulièrement posée dans la presse depuis la publication d’une étude par l’université d’Oxford, faisant de cette profession l’une des plus menacées par la robotisation. Mais si l’on en croit les professionnels de terrain, c’est à une transformation bien plus qu’à une disparition du métier que l’on assiste. Cette tendance s’illustre particulièrement dans les centres de services partagés (CSP) des grands groupes.


Les métiers comptables au sein des CSP : premier maillon de la chaîne de production comptable

Créés depuis une quinzaine d’années, les CSP mutualisent les services supports des grandes entreprises. L’objectif ? Permettre aux groupes de bénéficier d’une meilleure expertise et d’une rationalisation dans les fonctions qui sont confiées au CSP. En regroupant par exemple la comptabilité de plusieurs entités, l’objectif est de pouvoir industrialiser les processus comptables et de réaliser des économies d’échelle.

Différentes organisations sont possibles et les process assumés en tout ou partie par le CSP varient selon les groupes. Gestion de la comptabilité fournisseurs, de la comptabilité clients, des immobilisations, préparation des déclarations fiscales et des opérations de clôture, le CSP va parfois jusqu’à prendre en charge certains éléments de la comptabilité générale.

« Le CSP est le premier maillon de la chaîne de production de la valeur comptable. Nous préparons tous les éléments pour les directions financières des filiales, qui reprennent ce que l’on a comptabilisé pour établir leur liasse et dialoguer avec le groupe », illustre Sylvie Pégorier, Directrice de la comptabilité auxiliaire pour le CSP commun à GRDF et Enedis.


Réorientation des métiers comptables vers les tâches à plus forte valeur ajoutée

Cherchant à répondre au mieux aux attentes de leurs clients en termes de productivité et de qualité, les CSP sont à la pointe des stratégies de numérisation et de robotisation des processus comptables. Ces technologies permettent d’automatiser des tâches simples, répétitives et chronophages.

C’est le cas des activités transactionnelles, comme les saisies, autrefois réalisées par les équipes comptables. Pour le traitement de sa comptabilité client, le CSP français de Safran utilise ainsi depuis quelques mois le robot Alloc8 qui analyse les encaissements et propose des rapprochements automatiques.

Le rôle des comptables évolue en conséquence. « Aujourd’hui, il s’agit moins d’un métier de compilateur ou de producteur de données et plus d’un travail d’analyse, de conseil, de contrôle et de maîtrise des risques », précise Sylvie Pégorier. Les équipes des CSP doivent veiller au bon fonctionnement des process et prendre en charge les rejets et erreurs générés par les systèmes. De plus en plus, ils doivent aussi pouvoir éclairer les entités opérationnelles, faire parler les données dans une optique de pilotage.

→ Lire aussi notre article Robotisation et transformation des CSP : une mutation sous conditions


Un fort besoin d’accompagnement

La réorientation de leur métier implique une adaptation des équipes comptables des CSP. De nouvelles aptitudes et connaissances sont valorisées. « Il faut que le comptable s’adapte, qu’il développe des compétences de data analyst, mais aussi en informatique et reporting », souligne Sylvie Pégorier.

Pédagogie et formation sont nécessaires pour accompagner les professionnels dans cette transformation. Les entreprises en ont d’ailleurs bien conscience, à l’image d’Orange dont le directeur comptable expliquait dans une interview que le groupe s’était doté d’une « école des comptables » en interne.

Si cette mutation des métiers comptables peut susciter des inquiétudes, elle est aussi porteuse d’opportunités. Certains métiers par exemple sont amenés à prendre de l’importance, à l’instar de ceux qui entretiennent le lien entre le CSP et ses entités clientes. « Nous avons une équipe Procure-to-Pay composée d’une personne en interne et d’une autre aux CSP, chargée de résoudre les litiges, de relancer les prescripteurs et de faire avancer les sujets », illustre Sandra Coutant, Responsable de la comptabilité générale chez Safran Electronics and Defense. Des professionnels dont le rôle devient de plus en plus essentiel pour éviter les blocages et fluidifier les échanges entre le CSP et ses clients, gage de leur satisfaction.


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